Interview avec l’artiste française Céleste Richard Zimmermann

Céleste est l’artiste française sélectionnée pour participer à la résidence croisée Nantes-Recife en arts visuels, dont la première phase se déroule entre août et septembre au sein de l’Oficina Brennand, en partenariat avec le MAMAM et Usina da Arte, à Recife, pendant six semaines.

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La carrière artistique de Céleste Richard Zimmermann

Céleste Richard Zimmermann, est artiste visuelle diplômée des Beaux-Arts de Nantes (France) en 2017. Au plus souvent, ses propositions résultent d’une démarche de l’ordre du détournement, de la réappropriation et aboutissent dans un entre deux d’images latentes, entre horreur et divertissement. Ses voyages sont source d’inspiration, elle récolte, repère des faits divers, sociaux ou historiques et les rapporte ensuite à son atelier où elle les transforme. En 2017, lors d’un road-trip aux Etats-Unis, elle développe entre autre le projet « From Dogs to God » en contactant une milice chassant des rats accompagnée de leurs chiens à New-York. Ces vanneries contemporaines renvoient à l’idée de la menace de l’autre et du contrôle du territoire. Récemment après un voyage à Delphes et à Venise, elle réalise l’exposition « CAVE CANEM » (Galerie RDV - Nantes 2021) ou chiens et CRS se confondent en un même matériaux fragile et artificiel qu’est le polystyrène. Elle a participé à plusieurs expositions collectives et personnelles dont « The Ogre. net » à la Galerie Suzanne Tarasieve (Paris - 2021), « Lost dog united » (Budapest Gallery - Hongrie 2023) et prochainement au Carré « Tout semer tout brûler » (Château Gonthier - 2023).

1. Pourquoi avez-vous candidaté à ce programme de résidence croisée Nantes-Recife ? Quel est votre lien avec le Brésil ?
C’est par le biais de la galerie Paradise que j’ai découvert ce partenariat Nantes - Recife.
Je n’ai pas encore de connexion avec le Brésil mais j’ai pour habitude de tisser des liens entre les lieux que je rencontre et faits divers, faits d’histoire, phénoménologie et culture populaire, c’est une constante et une méthode qui caractérise mon travail.
Ainsi découvrir un nouveau pays au moyen de cette résidence à Recife serait l’occasion de poursuivre ce processus créatif et de réaliser les recherches et les formes nécessaires pour mon projet « De Natura ».

2. Quelles sont les principales idées ou thèmes que vous souhaitez explorer pendant pendant la période de résidence ?
Le projet que je souhaite mener à Recife questionne sous la forme de bas-reliefs en sucre une certaine histoire de la colonisation, la commercialisation et l’exploitation des plantes au Brésil. L’ouvrage « Flor Economica » qui recense les « espèces utiles », a permis dans les siècles passés d’organiser l’exploitation des plantes et de leur usages marchands. Un peu à la façon d’un herbier, je souhaite, repérer, collecter, référencer des plantes dites « invasives » c’est à dire des espèces venues d’ailleurs introduites ou rapportées au Brésil et vice versa par mégarde ou de manière non intentionnelle.
Ces recherches me permettront de créer des bas reliefs en sucre blanc dans une esthétique figurative, ornementale inspirée des sculptures coloniales où cette nature luxuriante est évocatrice de symboles. L’installation que je projette sera un inventaire sculpté en sucre ; qui fait éloge non sans ambivalence de l’envahissement et de la prolifération ; où comment la nature arrive à générer une nouvelle histoire. Un bas-relief dans un matériaux fragile et précieux qui évoque une histoire mondiale singulière tout aussi problématique actuellement.

3. Y a-t-il des compétences spécifiques que vous espérez acquérir ou développer ?
J’ai pour habitude de travailler la forme du bas-relief mais je n’ai encore jamais eu l’occasion de travailler le sucre comme médium de sculpture. De plus une partie du projet consistera à transformer le bas relief en un moment de convivialité ou il pourra être mangé par le public, ce projet me mène donc à de nouveaux défis techniques.

4. Quelles sont vos attentes quant à l’opportunité de présenter votre travail au public brésilien ?
J’espère avoir l’occasion de rencontrer d’autres artistes et curateur.ices et d’échanger autour de no pratiques respectives. De plus, être accueillie par la structure Oficina Francisco Brennand me séduit tout à fait en terme d’inspiration personnelle, de découverte et d’expérimentation.

5. Comment pensez-vous que cette résidence contribuera à votre développement artistique à long terme ?
Cette résidence me permettra d’enrichir mon projet qui j’espère aboutira à une exposition mais aussi de nouer de nouvelles relations professionnelles dans un cadre de recherche privilégié.

Photo : Gregg Bréhin

publié le 11/07/2023

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